La collection de Vincent Lécuyer aux enchères à Paris

Le 28 mai 2020, la collection du galeriste parisien Vincent Lécuyer a été vendue aux enchères à Paris. D’Edgar Maxence à Manuel Orazi ou Augusto de Succa, la vente a reflété le goût de ce vendeur de couleurs mais aussi de rêves qui a donné à redécouvrir des musiciens délaissés, à l’encontre des styles et aussi des schémas du marché.

Vincent Lécuyer, décédé en juillet dernier à l’âge de 57 ans, a marqué le monde de l’art par ses explorations de musiciens rares avec un seul univers. Tout au long de sa vie, ce fanatique d’origine bretonne s’est préoccupé des artistes oubliés, exposant dans sa galerie parisienne d’obscures œuvres d’art de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

« Vincent Lécuyer était connu pour son œil d’aigle et ses explorations originales étaient très appréciées des conservateurs français, qui ont fait de nombreux achats pour le musée d’Orsay, le Petit Palais ainsi que le musée d’Art Moderne de la Ville de Paris », explique Pauline Chanoit, spécialiste de l’art du XIXe et aussi du XXe siècle. « Ses préférences allaient à la mystique poétique des artistes symbolistes (Georges de Feure, Lucien Lévy-Dhurmer, Elisabeth Sonrel, Léon Spilliaert …), en plus des Fauves et des modernes, ainsi qu’à un savoir-faire novateur qui restait dans l’ombre de leurs remarquables contemporains. Ce commerçant passionné a surtout suivi son instinct, ne cédant jamais au style ni aux tendances du marché. Il savait repérer l’iconographie rare et aussi exhumer les carrières de l’oubli. « 

270 peintures, dessins et aussi sculptures en vente le 28 mai

Le 28 mai à Paris, 270 peintures, dessins et sculptures de sa galerie et de sa collection personnelle seront mis aux enchères par la maison de vente publique Kâ-Mondo. D’un montant approximatif de 50 à 30 000 euros, ils reflètent les accrochages successifs que les nombreux visiteurs de la galerie Vincent Lécuyer, installée en 1986 dans le quartier Richelieu-Drouot puis en 2009 rue de Lille, en face de la dernière demeure de Max Ernst.

Un voyage créatif des symbolistes aux peintres d’Ailleurs

Aux côtés d’une Femme en prière d’Edgar Maxence (1871-1954) (environ 5 000 – 8 000 euros) qui stimule la mythologie de cette merveilleuse Bretagne si chère à Lécuyer, ou encore du papier du peintre animalier Philippe Albin de Buncey (1905-1978) auquel le galeriste a consacré sa dernière exposition au Carré Rive Gauche, on retrouve les scènes exotiques de musiciens solitaires, peintres venus d’ailleurs. « Malouin de coeur, marin aussi bien que marin de grande croisière, amateur de voyages, ses préférences imaginatives le portent vers les peintres voyageurs ou les artistes de pays lointains », explique Pauline Chanoit.

C’est ainsi que l’on a pu voyager au Pérou avec Alejandro González Trujillo, dit Apu-Rimak, au Guatemala avec Augusto De Succa, en Russie avec Alexandre Iacovleff, en Asie avec Suyong Li ou en Italie avec les décors de films du maître de l’Art nouveau, Manuel Orazi (1860-1934) [photo à la une] Un voyage artistique auquel Vincent Lécuyer a invité des passionnés, des passionnés, des amateurs, des curieux, des copains et des collègues de travail comme Pauline Chanoit, qui, avec cette vente, veulent commémorer ce personnage mémorable du marché, cette éblouissante galeriste, vendeuse d’ombres et aussi de rêves.

« Vincent, nous avons été nombreux à désirer, à voyager lors de tes expositions. Aujourd’hui, cette vente de ta collection nous ramène à des moments de joie mais aussi d’intérêt que tu as reconnu comment partager ».